Syndrome de l’essuie-glace par EDSH lab (2016)

Damien DodelinArticles

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Syndrome de la bandelette ilio-tibiale,

ou essuie-glace

Damien Dodelin, Eric Held, Maxime L’Hermette

 

 

  • La bandelette ilio-tibiale :

 

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Figure 1 : Bandelette ilio-tibiale (Khaund et Flynn 2005)

 

La bandelette ilio-tibiale (BIT) est une lame tendineuse qui naît de différents muscles : le tenseur fascia lata, les petit et moyen fessiers. Cette BIT constitue la continuité du tendon du tenseur fascia lata. Elle vient s’insérer sur le tubercule de Gerdy, sur la partie proximale du tibia . Cette BIT se situe donc sur le compartiment latéral de la cuisse et passe par l’épicondyle latéral du genou, avant de s’insérer sur la partie supéro-externe du tibia, autrement dit sous le genou (figure 1).

Cette bandelette est libre entre la partie supérieure de l’épicondyle latéral du genou et le tubercule de Gerdy. La bandelette se déplace donc librement lors des mouvements de flexion/extension du genou dans sa zone externe n’ayant aucune attache osseuse.

 

  •  Le syndrome :

Le syndrome de la bandelette ilio-tibiale (SBIT), ou plus vulgairement appelé syndrome de l’essuie-glace par les sportifs, ou en encore syndrome du TFL (Tenseur du Fascia Lata) correspond à une inflammation de la bande tendineuse. Globalement, le SBIT intervient dans les sports où l’on retrouve un mouvement de flexion/extension à répétition, comme dans la course ou le cyclisme mais peut aussi se manifester lors de la marche sportive surtout en situation de dénivelé. C’est la seconde blessure la plus recensée au niveau du genou après le syndrome rotulien (Maarten P van der Worp 2012; Taunton et al. 2002).

 

  • Etiologie :

Le déplacement excessif de la BIT (figure 2) dans sa zone de liberté au niveau de l’épicondyle latéral du fémur provoque le SBIT en générant une douleur irradiant le compartiment externe du genou. L’inflammation de la BIT est due au frottement de la bande tendineuse sur l’épicondyle latéral du fémur (Lavine 2010). Ce frottement se réaliserait aux alentours de 30° de flexion, lorsque la jambe passe de l’extension (jambe tendue) à la flexion (figure 2) (Orchard et al. 1996). Ce mécanisme est le plus fréquemment cité dans la littérature (Noehren, Davis, et Hamill 2007; Foch et Milner 2014; Grau et al. 2008; Miller et al. 2007; Phinyomark et al. 2015).

Cependant, l’étiologie de cette blessure est controversée dans la littérature scientifique. Tous les auteurs ne s’accordent pas sur l’origine du syndrome. En effet, certains citent un mouvement médio-latéral amenant la compression d’une couche hautement vascularisée et innervée, provoquant la perte de tissu connectif  (tissu soutenant et protégeant les autres tissus corporels) entre la bandelette et l’épicondyle (Fairclough et al. 2007; Ekman et al. 1994). D’autres abordent la présence d’une bourse ou d’un kyste, souvent en lien avec la capsule synoviale du genou, qui provoquerait la douleur en raison de la friction entre cette bourse (ou le kyste) et la BIT (Costa et al. 2004; Ekman et al. 1994).

 

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Figure 2 : Mécanisme du SBIT (Delacroix et al. 2009)

 

  • Conséquences :

La douleur du SBIT pour des coureurs à pied est ressentie après un certain temps de course qui diffère selon les personnes (fourchette ??) et l’intensité de l’effort effectué. Néanmoins, la zone de douleur est commune aux sujets ; elle se situe sur le compartiment externe du genou, deux à trois centimètres au dessus de l’interligne articulaire. La particularité de ce SBIT est qu’il constitue une douleur d’effort. La douleur s’atténue rapidement après l’effort jusqu’à disparition totale dans la plupart des cas. Cependant elle peut persister à la marche ou en position assise lors de SBIT sévère (Fredericson et Weir 2006). . Il apparaît dans la littérature que ce syndrome peut se manifester chez un sujet lors de la course à pied et non lors d’activités physiques présentant des courses irrégulières, des changements de direction et  des impulsions (Orchard et al. 1996).

 

  • Facteurs :

Différents facteurs peuvent être cause de cette blessure. Des facteurs externes comme les charges d’entraînement (plus de 64 km par semaine), le nombre d’entraînement par semaine (Fredericson et Weir 2006; Gent et al. 2007), l’augmentation abrupte de la charge ou de l’intensité d’entraînement, mais également la course excessive dans la même direction (Fredericson et Weir 2006). Des facteurs anatomiques peuvent également en être la cause. Nous retrouvons le genu varum (Gent et al., 2007), les inégalités de longueur des membres inférieurs (Golightly, Allen, Helmick, Renner, & Jordan, 2009), et les sur-pronations de chevilles (Khaund et Flynn 2005). D’autre part, des facteurs musculaires peuvent être responsables du syndrome. En effet, une hypo extensibilité du TFL (Delacroix et al. 2009), ou encore une faiblesse des abducteurs (notamment le moyen fessier) et des rotateurs externes de hanche peuvent provoquer le SBIT (Fredericson et Weir 2006; Baker, Souza, et Fredericson 2011).

Ces facteurs anatomiques et musculaires vont venir perturber la mécanique osseuse, notamment lors de phase dynamique, comme la course. C’est donc dans ce domaine que la podologie va jouer son rôle.

 

  • Traitement :

Le repos, les anti-inflammatoires, la glace sur la zone douloureuse (Fredericson et Weir 2006), les semelles orthopédiques adaptées à la morphologie (Lucas 1992; Miller et al. 2007), programme de contraction-relaxation des muscles (Fredericson et Weir 2006), des étirements du complexe bandelette ilio-tibiale-Tenseur du Fascia Lata (Fredericson et Wolf 2005), un programme de renforcement des muscles fessiers et abducteurs de hanche (Baker, Souza, et Fredericson 2011; Beers et al. 2008).

Ainsi, nous retrouvons un ensemble de traitements, afin de soigner la blessure. Néanmoins, nous savons qu’une grande population de coureur court avec une pronation trop prononcée. Cette dernière est un très grand facteur de blessure. La pronation du pied peut également engendrer une mauvaise biomécanique de course provoquant des tensions au niveau musculo-squelettique. L’analyse biomécanique de la course et les semelles orthopédiques thermoformées sont la solution à ses problèmes biomécaniques.

 

  • Etude réalisée au laboratoire d’analyse du mouvement de Orthodynamica :

Une étude biomécanique (de la cinématique) a été réalisée en 2016-2017 sur le syndrome de l’essuie-glace. Elle portait sur la compréhension du mécanisme, les effets cinématiques (angulation articulaire à la course) et le ressenti du traitement par semelle orthopédique, de coureurs atteints de SBIT. Ainsi un traitement de 1 mois était proposé à quatre sujets. Deux analyses cinématiques par système VICONtm ont été réalisées au sein du laboratoire Orthodynamica. Une première analyse a été réalisée à l’inclusion du sujet (avec et sans semelles orthopédiques) puis une analyse par semaine (sur 3 semaines) a été réalisé avec semelles orthopédiques. Lors du traitement, chaque sujet a dû répondre à un impératif d’un entraînement par semaine minimum, d’au moins 10 km (plus selon le souhait de chaque sujet). En parallèle à leur charge de travail, chacun a dû remplir une fiche de douleur à l’issu de chaque entraînement (test EVA). Ainsi, nous avons pu quantifier la baisse de douleur lors du mois de traitement.

Les résultats ont montré chez l’ensemble des sujets une baisse de douleur, avec pour 60% une disparition totale de celle-ci lors de l’effort (baisse moyenne de 83% de la douleur à 3 semaines). En lien avec cette baisse de douleur, nous avons remarqué que les semelles orthopédiques avaient un impact dans la rotation interne du genou et de la hanche à la course par l’intermédiaire de l’analyse du système VICONtm. Ce dernier, grâce a un ensemble de capteurs et de caméras infrarouges, nous a permis de modéliser le corps et de connaître l’ensemble des déplacements osseux et donc articulaires à la course. Ainsi, c’est l’utilisation de semelles orthopédiques qui permettrait de réduire la rotation interne du genou  et de la hanche (ou rotation tibiale interne et fémorale interne) et donc de réduire les frottements entre la bandelette et l’épicondyle du genou. Ce phénomène serait un facteur réducteur de la douleur, et par conséquent de la blessure.

D’autres études seront conduites au sein du centre Orthodynamica sur le même syndrome, avec d’autres variables étudiées.

 

(Pour voir l’étude réalisé sur le syndrome de l’essuie-glace, rendez vous sur le site Orthodynamica, dans la rubrique « nos recherches »).

 

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Placement de mire pour la modélisation

 

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Analyse VICON de marche au laboratoire du mouvement Orthodynamica

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Semelles thermoformées (sur-mesure) Orthodynamica

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